dans les pas d’émile Désiré Benay

Pèlerinage des descendants de ce vaillant sous-officier, à l’endroit même de son sacrifice.

Samedi 11 avril 2015, j’accompagnais dans la tranchée de Calonne, Christian, Alain et Olivier Benay, sur les lieux où Émile Désiré fut mortellement blessé, le 23 juin 1915.

Ce pèlerinage dans les derniers pas de ce héros, n’a pu se réaliser que grâce à un heureux concours de circonstances que j’aimerais relater ici, tant il reste pour moi, un cas d’école.

Tout commence en début 2012 ; j’avais entrepris, depuis quelques mois, des recherches sur les soldats stenaisiens morts pour la France pendant la Grande Guerre, et j’essayais de prendre contact avec d’éventuels descendants pour collecter des informations et des photos qui devaient me permettre d’illustrer les fiches individuelles que j’élaborais.

Premier évènement : Alors que je travaillais sur la fiche d’Émile Désiré Benay, je décidai de tenter ma chance avec les pages blanches de l’annuaire téléphonique. Je tapai “Benay” et précisai sur “Paris”. Au hasard, parmi une importante liste, je choisis Olivier Benay et lui téléphonai pour lui demander s’il existait un lien de parenté entre Émile Désiré et lui. Bingo ! Olivier était l’arrière-petit-fils de notre héros. En outre, il avait entrepris des recherches sur son AGP et possédait quelques photographies et documents. À la suite de cette prise de contact, nous échangeâmes nos informations, ce qui nous permit d’avancer, chacun de notre côté, dans nos investigations. L’aboutissement de ce travail commun me permit de finaliser la fiche d’Émile Désiré en un produit très complet.

Deuxième évènement : Après un effort de trois années, je réussis, avec l’aide de quelques partenaires, à exposer à la taverne du Musée de la Bière de Stenay, 138 panneaux au format A2, de soldats stenaisiens morts pour la France en 14-18. J’invitai, pour le vernissage, les quelques descendants de nos héros, que j’avais retrouvés. C’est ainsi qu’Olivier accompagné de toute sa famille se déplaça pour l’occasion et me présenta ses proches. Le lendemain, profitant de leur voyage dans notre belle région, ils se rendirent tous à la tranchée de Calonne pour visualiser le champ de bataille et pour identifier d’éventuelles reliques datant de cette période. Ce déplacement improvisé ne leur permit pas de voir grand-chose. Je me proposai alors de les guider lors d’un futur pèlerinage et nous fixâmes la date en début avril, avant que la végétation ne joue son rôle de camouflage.

Troisième évènement : Mon exposition à la taverne du Musée de la bière de Stenay était programmée du 2 octobre au 20 novembre 2014. Grâce au succès qu’elle remportait, une prolongation jusqu’à la fin du mois de novembre fut décidée.
Dimanche 30, dernier jour de l’exposition, Alain Benay, habitant la région verdunoise, décida, à l’improviste, de se rendre à Stenay en espérant trouver quelques informations sur son grand-père. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir la qualité des panneaux présentés et surtout de constater que le panneau d’Émile Désiré était richement documenté et illustré ? Il me téléphona quelques jours plus tard, se présenta tout d’abord, puis me fit part de deux initiatives qu’il avait prises à propos de son grand-père. La première fut de faire graver un ex-voto sur la voûte de la galerie de l’ossuaire de Douaumont en mémoire d’Émile Désire Benay. La seconde fut d’obtenir la médaille de Verdun à laquelle son grand-père pouvait prétendre. Il me fit parvenir, en outre, une belle photographie de son grand-père ainsi que les photos de l’ex-voto et du certificat de la médaille de Verdun. Il me demanda, enfin, s’il m’était possible de faire imprimer un panneau identique à celui de l’exposition, ce à quoi je répondis par l’affirmative. Je m’engageai même à retoucher le panneau en permutant les photos d’Émile Désiré, et en incluant l’ex-voto et la médaille de Verdun. Pour la bonne règle, je contactai Olivier pour lui demander l’autorisation de fournir, à Alain, le panneau sur lequel figuraient des documents qu’il m’avait envoyés. Olivier accepta de bon cœur et me fit part de son souhait d’entrer en relation avec ce proche qu’il ne connaissait pas. Il me communiqua ses coordonnées et me demanda de les transmettre à Alain pour le cas où ce dernier serait intéressé par cette prise de contact. Olivier me demanda, en outre, de lui fournir deux panneaux de son AGP à l’identique de celui d’Alain, ce que je fis avec l’accord de ce dernier, toujours pour la bonne règle.

Quatrième évènement : Alain Benay, ravi de cette opportunité de rapprochement avec son cousin Christian et son petit-cousin Olivier, prit contact avec ces derniers. Le courant passant bien, un échange d’informations, de documents et de photos permit aux uns et aux autres de connaitre un peu mieux les familles respectives. Rendez-vous fut pris pour une patrouille commune, le 11 avril 2015, dans les pas d’Émile Désiré.

Cinquième évènement : C’est le jour J ! La météo n’est pas terrible mais nous gardons confiance. Comme d’habitude, j’arrive un peu en avance chez Alain. C’est chez lui que nous nous sommes donné rendez-vous. Finalement, je suis le seul à connaitre tout le monde. En effet, j’avais rencontré Olivier et sa famille lors de l’exposition et j’étais venu remettre en main propre le panneau à Alain.
À l’arrivée de Christian et d’Olivier, on devine une grosse émotion partagée. Ce rapprochement inespéré, le jour même où nous commémorons la mémoire du héros disparu, a une saveur particulière. Nous nous demandons même si, quelque part, ce dernier n’a pas influencé les évènements.


La patrouille à la Calonne a été préparée avec beaucoup de soin. Nous possédons des cartes, des canevas de tir, des croquis, etc. Les lignes françaises et allemandes sont bien définies. Nous progressons dans les tranchées où tout est resté en l’état ; abris, vestiges de réseaux de fils de fer et de barbelés, piquets, tôles, bouclier de tranchée, etc.

Blockhaus au point A

Nous marchons dans les derniers pas d’Émile Désiré Benay ; l’émotion est grande. Nous profitons de cette expédition pour découvrir des vestiges encore présents ; observatoire, blockhaus, abris, cénotaphes, ancien cimetière allemand, etc. Les pèlerins en prennent plein les yeux. Tout est resté dans son jus.

Pour nous remettre de nos émotions, Alain nous a concocté un repas gargantuesque.
Après avoir royalement festoyé, en pleine forêt, nous reprenons nos investigations dans les tranchées allemandes pour déterminer les postes de résistance qui ont fait tant de mal à nos chasseurs. Nous y passerions des heures, mais il faut déjà penser à rentrer.
Nous avons rendez-vous à l’ossuaire de Douaumont où les familles nous attendent. Nous sommes reçus par Olivier Gérard, directeur de l’ossuaire, qui nous donne de nombreuses informations sur l’ouvrage lui-même et sur les évènements qui se sont déroulés dans la région. Nous découvrons l’ex-voto gravé sur la voûte de la galerie, dans le secteur « Éparges ».

Nous terminons la journée chez Alain et sa compagne où nous sablons le champagne et dégustons de succulents et généreux canapés. Nul doute que cette journée restera, pour tous, inoubliable.

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