Francfort vs Versailles

Il y a 48 ans

Le traité de Versailles signé le 28 juin 1919, a toujours été considéré, par les Allemands, comme un diktat, c’est-à-dire comme une imposition de clauses non négociées. C’est oublier, sans doute, que les Prussiens avaient agi de même, en 1871, si on en croit l’article publié dans le journal « La Croix », paru le 11 mai 1919.

Il y a 48 ans, Versailles voyait, comme aujourd’hui, des négociateurs se réunir pour parler de la paix. Mais en 1871, les vaincus, c’était nous ; le Prussien triomphait avec morgue.

Aujourd’hui, les rôles sont heureusement changés, et les Allemands feront bien de se rappeler dans quelles conditions ils ont conduit les négociations de paix, il y a 48 ans

En février 1871, quand Thiers et Jules Fabre venaient conclure la paix, Bismarck ne leur laissait pas les libertés que le comte Brockdoff-Rantzau réclame aujourd’hui.

Le 22 février, lorsque Thiers refusait de céder Metz, le chancelier allemand répondait : « Il faut rompre sur le champ. Mes conditions sont des ultimatums, il faut les accepter ou les rejeter. »
Et, de fait, tout fut réglé en huit jours, à huis clos. Bismarck écarta toutes les interventions étrangères. Le prince Gortchakof le conjurait de renoncer à la Lorraine ; lord Granville voulait évoquer la question franco-allemande à la conférence de Londres ; M. Kern, ministre de la Suisse, conseillait au chancelier de fer, la modération. Celui-ci, brutal toujours, répondait à tous : « Nos conditions sont irrévocablement fixées. Si elles ne sont pas acceptées, la guerre recommencera. »

Cependant, la France n’avait rien à se reprocher ; Bismarck savait que, par sa perfide dépêche d’Ems, il avait été lui-même l’auteur de la Guerre. D’autre part, les hommes qu’il avait en face de lui, Thiers et Jules Fabre, avaient été les chefs de l’opposition à l’Empire.

Aujourd’hui que l’Allemagne est vaincue dans une guerre qu’elle a préméditée, qui met-elle en face de nous ? Son premier plénipotentiaire à Versailles est le comte Rantzau, l’ancien ministre de Guillaume, qui a violé la neutralité danoise en 1914, en obligeant le Danemark à fermer par ses mines, les détroits qui donnent accès à la Baltique.
Un autre plénipotentiaire qui demeure à Weimar pour étudier les conditions de paix, c’est Erzberger, l’auteur de « paix minima » publié en 1914, et réclamant pour l’Allemagne la souveraineté militaire sur la Belgique, sur toute la côte française jusqu’à Boulogne. Il exigeait aussi le bassin de Briey et Belfort, et, en plus, une forte indemnité.

Voilà des hommes qui parlent actuellement de réconciliation, d’humanité !!! Il est bon de rappeler ces souvenirs au moment où les Alliés vont avoir à déjouer les suprêmes manœuvres des dirigeants allemands.

Sources :

  • Image de tête : ici
  • Journal “La Croix”

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