Friedrich Wilhelm Ernst Victor August de Prusse, Kronprinz impérial d’Allemagne et de Prusse.
Biographie
Né au palais de marbre à Potsdam, le 06/05/1882, il se faisait familièrement appeler Willy.


Il épousa Cécilie, duchesse de Mecklembourg-Schwerin, le 06/06/1905, à Berlin, avec laquelle il eut six enfants. L’ainé sera tué à Dunkerque pendant la bataille de France, en 1940.

Il devint chef de la maison Hohenzollern en 1941, à la mort de son père Guillaume.
Il mourut à Hechingen, Baden-Würtemberg, le 20/07/1951.
Il fut inhumé, le 27/07/1951, à la nécropole du bastion Saint-Michel au château de Hohenzollern.
Parcours
Fils aîné du futur kaiser Guillaume II, il prit le titre de prince héritier de l’empire allemand et de Prusse, à la mort de son grand-père, l’Empereur Frédéric III, en 1888.

Bien que l’âge légal, en Allemagne, pour effectuer son service militaire était de 18 ans, Willy fut nommé caporal à six ans et devint ainsi le plus jeune caporal de l’armée prussienne. Comme il était d’usage pour tous les princes de Hohenzollern, il fut affecté au 1errégiment de la garde à pied, à l’âge de 10 ans. Mauvais cavalier, cette tare agacera profondément son père.

Selon la tradition prussienne, il entra comme cadet à l’académie militaire et fit quatre ans d’études au palais des princes de Plön. Il entreprit, ensuite, des études de droit, pendant deux ans, à l’université de Bonn. Il fut diplômé, en mai 1900, au palais de Berlin.
Il était orienté politiquement très à droite et ne dissimilait pas son pangermanisme (1) et son antisémitisme.
Sa citation favorite était la suivante : “C’est par l’épée que nous gagnerons la place qui nous est due mais qu’on nous refuse.”
Avec son allure détendue et décontractée, il était très populaire en Allemagne. Mari infidèle, d’une frivolité maladive, il avait un penchant particulier pour les coiffeuses et les danseuses.

De 1911 à 1913, il prit le commandement du 1er corps de Hussards à totenkopf(2) sous l’autorité du général August von Mackensen. En tant qu’héritier du trône, il lui était interdit de s’immiscer dans les affaires du gouvernement mais il désapprouva publiquement la politique du Kaiser et du chancelier Theobald von Bethmann-Holleg dont il se réjouira de la démission au terme d’un incident dans lequel il sera impliqué.
Au début de la Première Guerre mondiale, il prit le commandement officiel de la Ve armée, mais le véritable chef opérationnel fut son chef d’état-major Konstantin Schmidt von Knobelsdorf, jusqu’en août 1916, puis Walther Freiherr Lüttwitz. Pour que les choses soient bien claires, son père Guillaume II lui notifia : “Je vous ai confié le commandement de la Ve armée et je vous mets le lieutenant-général Schmidt Knobelsdorf comme chef d’état-major. Ce qu’il vous conseillera, vous devrez le faire.“
Son sens strict du soldat, son esprit de corps et sa vénération pour son ancien éducateur Arthur von Falkenhayn, lui interdisaient de se mettre en opposition ouverte avec le général en chef Erich von Falkenhayn et son chef d’état-major Schmidt von Knobelsdorf.
Il installa son Oberkommando(3) (AOK5) à Stenay, de septembre 1914 à février 1918. Il résidait au château Duverdier où il recevait les dignitaires de l’Empire et les généraux. Son quartier général se trouvait à l’école de garçons où il rencontrait quotidiennement ses généraux.

Le prince impérial fut loin de montrer la dignité, le respect de soi-même qu’exigeait la hauteur de son rang. Ses extravagances et ses bouffonneries ne tardèrent pas à le déconsidérer totalement aux yeux de la population et à lui attirer les railleries et le dédain. Dans ses promenades à travers la ville, soit à pied, soit à cheval, il se faisait précéder d’un policier vêtu à la tyrolienne et coiffé d’un chapeau mou orné à l’arrière de trois plumes gigantesques… Deux officiers d’ordonnance accompagnaient le prince et ses six lévriers qui ne manquaient pas d’étrangler tous les chats rencontrés sur leur chemin. De nombreux gamins suivaient le cortège en poussant des cris plutôt irrespectueux, néanmoins récompensés par des friandises et des pièces de monnaie.
Il multipliait les aventures galantes avec des prostituées allemandes qu’il faisait passer pour des étudiantes mais aussi avec quelques Françaises, dont le sentiment patriotique fut assez oblitéré pour répondre aux avances du galantin impérial. Elles encoururent à tout jamais le mépris de la population doublement française par ses multiples épreuves. Le vieux maréchal Haesler ne cessait de gémir en entendant le récit des fredaines de son supérieur princier. Ses homologues anglais le surnommaient le Clown Prince.

Le 4 février 1915, il reçut la visite de sa femme, la Kronprizessin. Cette grande dame, malgré son visage souriant et ses manières avenantes n’eut pas le don d’exciter l’enthousiasme des Stenaisiens. Le lendemain de son arrivée, une quinzaine d’avions français survolèrent le château et lancèrent des obus et des fléchettes meurtrières sur les soldats de la Garde. Affolée, la jeune femme n’acheva pas sa nuit. Une automobile la conduisit en lieu sûr ; elle ne revint plus jamais à Stenay. Les Allemands cherchèrent désespérément une ligne téléphonique souterraine qu’ils ne trouvèrent jamais. La ville fut condamnée à une amende de 500 000 F pour cette attaque. Des otages furent emprisonnés pour caution à la caserne d’infanterie, jusqu’au paiement de la somme demandée.
En 1916, il fut un acteur clé des terribles combats qui opposaient Français et Allemands lors de la bataille de Verdun. La prise du fort de Vaux fut un des épisodes marquants de cette bataille. Le commandant Raynal et la garnison du fort se rendirent aux Allemands après un siège de sept jours. Lors de cette reddition, le commandant français, comme c’était l’usage à l’époque, remit son sabre à un officier allemand. Prisonnier, il fut emmené au quartier général de Stenay ; le Kronprinz, par respect pour le soldat français, voulut lui rendre son sabre, mais celui-ci resta introuvable. Honorant la valeur militaire de son adversaire, Willy décida de remettre, à l’héroïque défenseur de l’ouvrage, un poignard de pionnier allemand.
En octobre 1916, il prit le commandement du groupe d’armées “Kronprinz Impérial” mais refusa de quitter Stenay, laissa partir ses généraux et multiplia ses extravagances. Il sera contraint de se rendre à Charleville, en février 1918. Il faudra toute la malice et la finesse de Luddendorf pour le forcer à quitter Stenay. Il continua malgré tout sa vie de débauche dans cette ville comme il le fit auparavant, à Esch, Stenay et Montmédy.
En 1917, s’engagea une lutte pour le pouvoir entre le commandement suprême de l’armée et le gouvernement allemand qui voulut revoir à la modération les buts de guerre allemands, et chercher une paix négociée. Le kronprinz prit une part décisive pour imposer le leadership militaire et pour dénoncer sévèrement la position des conseillers de son père. Le 13 juillet 1917, Theobald von Bethmann-Holleg démissionna, pour la plus grande joie du Kronprinz. Le renversement du chef du cabinet civil impérial, en janvier 1918 par le bureau militaire, affaiblit considérablement le pouvoir de l’Empereur qui ne dirigera plus rien.
Pendant la révolution allemande et l’effondrement de la monarchie, Willy s’exila aux Pays-Bas, le 12 novembre 1918. Il résidait sur l’ile de Wieringen dans le Zuiderzee. Pour éviter une guerre civile, il renonça officiellement au trône d’Allemagne, le 1erdécembre 1918.

En 1923, il revint en Allemagne grâce à son ami, le chancelier Gustav Stresemann. En juin 1926, un référendum sur l’expropriation des anciens princes dirigeant l’Allemagne, sans compensation, échoua. La situation financière des Hohenzollern s’améliora alors considérablement.


Willy s’engagea politiquement et rejoignit le parti du Stahlhelm en 1930. Sommé par son père de ne pas se présenter à une élection républicaine, il tenta de s’allier avec les nazis qui lui firent miroiter un possible retour des Hohenzollern sur le trône d’Allemagne. Il assura la jonction des corps francs et des anciens combattants avec le parti national-socialiste, lors de l’élection présidentielle de mars 1932. Les nazis perdirent l’élection présidentielle mais ce puissant parti bloquait toutes les décisions au Bundestag. Le président von Hindenburg finit par nommer Hitler, Chancelier, pour débloquer la situation. Après l’incendie du Reichtag en février 1933, les nazis emprisonnèrent tous les leaders politiques qui leur étaient opposés et supprimèrent les partis d’opposition.


Après la prise du pouvoir par les nazis, en 1933, Willy fut écarté de la scène politique par ces derniers et placé sous surveillance. Lors de la nuit des longs couteaux (29 et 30 juin 1934), les membres de la famille Hohenzollern restés discrets comme cela leur fut demandé, ne furent pas inquiétés. Il ne participa pas à la Seconde Guerre mondiale. À la fin des hostilités en 1945, il fut capturé par les troupes marocaines et incarcèré par les Français pendant quelque temps à Lindau. Il passa plusieurs mois au château des Hohenzollern puis se rendit à Hechingen où il vécut dans une petite maison, au pied du château ancestral de sa famille.

Lors de l’occupation de l’Allemagne en 1945, il se présenta au général de Lattre de Tassigny pour lui demander de subvenir à ses besoins en matière de confort pour lui et sa maîtresse, ainsi que d’agir pour que ses propriétés situées en Prusse ne fussent pas détruites par les Soviétiques. Lui faisant remarquer qu’au même moment, l’Allemagne était en ruine, que des millions d’Allemands avaient faim, mouraient au combat dans des conditions atroces, de Lattre lui dit : « Vous êtes lamentable, Monsieur, lamentable ! »
Il mourut d’une crise cardiaque, le 20 juillet 1951, à l’âge de 69 ans. Sept jours plus tard, il fut inhumé dans la petite nécropole du bastion Saint-Michel au château des Hohenzollern.

Notes :
- Doctrine qui prône l’unité des peuples d’origine germanique
- Tête de mort
- Haut commandement
Sources :
- erstes_garderegiment.de
- preussen.de
- google.fr
- deutsche-schutzgebiete.de
- Mémoires du Kronprinz impérial Wilhelm d’Allemagne et de Prusse.
- Stenay, trouée des grandes invasions d’Henri Louis
- Le Boucher de Verdun de Louis Dumur
- Mémoire d’exil de Frédéric Mitterand
- Archives municipales de Stenay
- Bundesarchiv
- wikipedia.org
- Photo d’entête : Château de Cecilenhof à Postdam