Les bornes Vauthier
Vous avez certainement déjà remarqué, lors de vos déplacements sur Verdun, ou sur d’autres champs de bataille de 1914-1918, d’étranges bornes placées çà et là, à une intersection de routes, à proximité d’un village détruit, sur un chemin forestier, etc. Vous vous êtes sans doute demandé ce qu’elles représentaient et qui avait bien pu les ériger à cet endroit. Peut-être les avez-vous confondues avec les bornes de la Voie Sacrée ou celles de la Liberté ; voici la réponse avec un peu d’histoire.



À la fin de la Grande Guerre, Paul Moreau-Vauthier, combattant de 1914-1918 et sculpteur de métier, émet l’idée de matérialiser à l’aide de jalons, la ligne de front telle qu’elle se présentait à la fin des offensives allemandes de 1918 et à la reprise de l’initiative par les Alliés, à partir du 18 juillet 1918. À compter de cette date, les Allemands marqueront un temps d’arrêt et ne cesseront, dès lors, de reculer jusqu’à l’armistice. C’est donc cette ligne d’inflexion que l’artiste a souhaité délimiter.
Courte biographie
Paul Moreau-Vauthier est né le 26 novembre 1871 à Paris. Il était sculpteur comme son père et frère d’écrivain ; son beau-frère exerçait comme lui le métier de sculpteur.
Son père se nommait Moreau et, pour se distinguer de ses nombreux collègues homonymes, il accola à son nom celui de sa femme, Suzanne Vauthier. C’est donc tout à fait improprement que le nom de Vauthier fut attribué à Paul ; pour l’état civil, il est né Gabriel Jean Paul Moreau, dit Moreau-Vauthier .
Ancien poilu de la Grande Guerre, il passera l’essentiel de sa carrière à confectionner des œuvres commémoratives .
Il décèdera des suites d’un accident de voiture, le 2 février 1936 (ou 1er septembre 1936, selon les sources).
Son œuvre
Une partie importante de son œuvre est constituée de monuments aux morts mais aussi de monuments commémoratifs comme celui aux héros de l’armée noire à Reims et sa réplique de Bamako, qui existe toujours, alors que celle de Reims fut fondue par les Allemands en 1940.
Nous lui devons également le mur des Fédérés à Paris qui a suscité bon nombre de controverses et qui reste une œuvre intéressante, probablement ce qu’il a réalisé de mieux et de plus émouvant dans le genre. Il a, entre autres, à son actif, les monuments aux morts de Suippes, de Calais, de Thonon-les-Bains, de Neuilly-sur-Marne, de Bichwiller et d’Yvetot.

Il est aussi l’auteur du monument Boucicaut à Paris, du monument aux Allobroges, de plusieurs bas reliefs sur la façade du musée de la Légion d’honneur. Il réalise, en outre, des bustes d’hommes politiques ou d’artistes tels que Dranem et bien d’autres choses. Il fut un combattant de 14-18 et obtint la croix de guerre ainsi que la Légion d’honneur.
C’est à son initiative et avec le solide concours des Touring Club de France et de Belgique que furent réalisées les bornes.
Ses liens à l’automobile et au Touring étaient forts, ce qui explique en partie cette borne. Cette passion lui a coûté la vie, il est mort des suites d’un accident de voiture en 1936.
Il existe des répliques miniatures en bronze (14 cm.) et en porcelaine (manufacture de Sèvres 13 cm).
Le projet
L’idée de jalonner la ligne de front du 18 juillet 1918, est approuvée par les Touring-Club de France et de Belgique, qui voient dans cette initiative l’occasion de drainer beaucoup de cyclotouristes puis d’automobilistes sur les routes des champs de bataille.
Le général Pétain fut chargé de définir une liste des endroits les plus appropriés et les plus dignes d’accueillir ces bornes commémoratives. La liste établie par Pétain comportait près de 240 emplacements le long d’une ligne de front qui s’étendait sur 700 kilomètres.

Pour financer ce projet, il fallut recourir à plusieurs sources internationales. Souscriptions, dons d’organismes publics, d’état, d’associations, mécénat. Malgré la générosité des souscripteurs et donateurs, 118 bornes seulement purent être érigées ; 22 en Belgique et 96 en France. Deux bornes ont été ajoutées un peu plus tard, ce qui porte l’inventaire à 120. À ce jour, seules 97 bornes ont pu être sauvegardées.
Les bornes
Elles sont presque toutes confectionnées à partir de bloc de granit en provenance d’Alsace, dans la région d’Andlau. Elles mesurent un mètre de haut, sont coiffées d’un casque Adrian, belge ou britannique, qui repose sur une couronne de laurier. En façade est noté le nom du lieu d’implantation et une inscription qui dit : ” Ici fut repoussé l’envahisseur, 1918 “. Sur sa partie basse, sont indiqués le nom du bienfaiteur et le numéro de la borne.
Sur les côtés, sont sculptés les accessoires du soldat, avec une grenade à chaque angle. De nombreuses bornes victimes de l’érosion sont aujourd’hui très endommagées ; il est parfois très difficile de lire le nom du lieu et de définir les objets sculptés dans la pierre.
La première borne a été érigée, à Château-Thierry en 1921, la seconde à Eix près de Verdun et la dernière au sommet de l’Hartmannswillerkopf en 1927.


Nul doute que maintenant, lorsque vous apercevrez une borne comme celle que je viens de décrire, vous ne manquerez pas de dire ” tiens ! voilà une borne Vauthier “.
Sources :
- Bornes Vauthier forum 14 18
- Googlemaps
- Vaux-devant-Damloup
- memorialdormans
- Photo de tête, BNF GALLICA, presse, agence Meurisse+
Vous ne saviez pas que l’original des bornes Vauthier se trouve dans le jardin de la demeure de Paul Moreau-Vauthier . Elle y est depuis qu’elle a été sculptée et vient d’être inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques .
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Bonjour,
Je savais que l’original des bornes Vauthier était dans le jardin de la demeure de Paul Moreau-Vauthier car nous avons déjà eu l’occasion d’en discuter ensemble. Je ne savais pas par contre qu’elle était inscrite à l’inventaire supplémentaire des M.H.
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