La 87e brigade dans la bataille de Verdun.
Après une longue période de calme relatif dans le secteur de Troyon, la 4e division est engagée dans la bataille de Verdun.
Depuis le 21 février 1916, la lutte reste violente devant Verdun mais le raz de marée allemand a été endigué à la suite des mesures prises par le général Pétain. Les formidables observatoires du Mort-Homme et de la cote 304 guident les tirs précis des batteries françaises de la rive gauche de la Meuse qui entravent fortement la progression allemande sur la rive droite. Dès lors, ces deux points hauts deviennent les objectifs principaux de l’ennemi. L’offensive sur la rive gauche est lancée le 6 mars ; la prise de ces deux points stratégiques demandera trois mois aux Allemands. Le front sur la rive droite de la Meuse ne bougera pratiquement plus jusqu’à leur conquête. Les français profitent de cette pseudo accalmie sur la rive droite pour tenter de reprendre le terrain perdu, notamment, le fort de Douaumont pris sans combattre, le 25 février 1916.

Le 11 avril, la 87e brigade se porte sur Verdun et cantonne au quartier Bevaux, à Senoncourt et à Landrecourt. Le lendemain, elle est mise à la disposition du 3e corps d’armée et intègre la 5e division. Une compagnie de mitrailleuses est affectée à chaque bataillon d’infanterie ; les bataillons de chasseurs quant à eux disposent de deux compagnies de mitrailleuses.
Le 3e bataillon du 120e R.I. et la 1re compagnie de mitrailleuses se rendent dans la région de Fleury où ils sont placés en soutien et en réserve des troupes qui tiennent le secteur. Le chef de bataillon, avec la 11e compagnie, occupe le réduit de Fleury-village ; la 9ecompagnie reste en réserve du colonel commandant le 5e R.I. ; les deux autres compagnies se postent en soutien des bataillons de première ligne du 5e R.I.
Les cadres du 120e R.I. procèdent à la reconnaissance du secteur de Vaux Chapitre entre l’étang de Vaux et le ravin de la Caillette en prévision de la relève du 274e R.I. sur ses positions.
Le 14 avril, le général RÉMOND assure le commandement du secteur Carrières, limité à l’est par le ravin de la fausse côte et à l’ouest par le boyau Simon. Ce terrain est occupé par les trois bataillons du 36e R.I. et deux bataillons du 120e R.I. Les deux bataillons de chasseurs relèvent, dans les tranchées du secteur de Fleury, des unités du 5e R.I. et le 3e bataillon du 120e R.I. qui se porte sur Souville.
Le lendemain, une attaque est lancée par le 36e R.I. soutenu par les 5e et 7e compagnies du 120e R.I., sur le plateau au sud-est du fort de Douaumont. Quelques éléments de tranchées sont enlevés mais le Fortin qui se trouve à l’intersection de la tranchée de Hauteville et du boyau Hanns n’a pu être conquis. À gauche de l’attaque, l’objectif n’a pu être atteint.
Dans la journée, le 1er groupe du 42e R.A.C. relève un groupe de l’A.D.69 en position à la Madeleine ; il se met aux ordres du commandant de l’A.D.6. Sa mission consiste à flanquer la face nord-est du fort de Vaux. Le 3e groupe relève un autre groupe de l’A.D.69 en position au ravin des Vignes, à proximité de l’ouvrage de Froideterre. Il assure la défense de la face nord-ouest du fort de Vaux. La communication entre les deux groupes se fait essentiellement par liaison optique. Le 2e groupe se prépare à relever un groupe de l’A.D.33. Les échelons quant à eux occupent les emplacements de bivouac à Haudainville.
Le 16 avril, deux contre-attaques successives allemandes, appuyées par un violent barrage d’artillerie, rejettent les Français sur leur tranchée de départ. Le bataillon Lambin (120e R.I.) relève en première ligne le bataillon Richard (120e R.I.) qui va cantonner à l’étang de Vaux, au bois de Vaux Chapitre et au P.C. Carrières, au nord-est du fort de Souville. Les positions du 120e R.I. sont pilonnées en permanence par les feux d’une puissante artillerie lourde ennemie.
Du côté du 9e B.C.P., une action est lancée vers les tranchées Coudert, du Boucher et de Morchée. La préparation d’artillerie est réalisée par les mortiers de tranchée 58T et 75T. Les grenadiers engagent un combat à la grenade auquel l’ennemi répond à la grenade et avec ses mitrailleuses. Après avoir constaté que les réseaux de fils de fer ennemis étaient intacts et inextricables, et que les tranchées allemandes étaient fortement garnies de défenseurs, les chasseurs abandonnent l’opération.


Dans la soirée du 17 au 18 avril, le 147e R.I. remplace le bataillon du 36e R.I. situé à droite du 120. Dans la matinée du 18, un accident se produit au P.C. du 147e R.I. Tous les cadres du régiment sont blessés par l’explosion de fusées et de grenades. Le colonel Forlot du 120eR.I. prend provisoirement le commandement des deux régiments. Le commandant Lambin est désigné pour commander temporairement le 147e R.I.
Dans la journée, les chasseurs s’approchent des postes avancés ennemis qu’ils conquièrent après une âpre lutte à la grenade. Quand ils arrivent à proximité du Fortin près de la tranchée de Morchée, leur progression est stoppée. Il faudra toute l’énergie et la pugnacité des hommes du 9e B.C.P. pour repousser les contre-attaques ennemies.

Le 19 avril, après une sérieuse préparation d’artillerie, une opération française est déclenchée conjointement par le 120e R.I. et le 147eR.I., sur le Fortin et sur la tranchée de première ligne ennemie à l’est de cet ouvrage.
- À droite, l’attaque ne progresse pas ; elle est stoppée par le terrain accidenté semé d’abattis et par un barrage de grenades lancées par une trentaine de grenadiers embusqués dans les trous d’obus.
- Au centre, la première ligne ennemie est abordée mais un violent feu d’infanterie et de mitrailleuses prend les unités en écharpe et stoppe net la progression.
- À gauche, le Fortin est brillamment enlevé par les fantassins du lieutenant Rouvès, qui donnera son nom à l’ouvrage, et par les hommes du lieutenant Arnaud, faisant de nombreux prisonniers (260 hommes) et récupérant un important matériel. Deux contre-attaques ennemies sont énergiquement repoussées. La position est organisée défensivement sous un déluge d’obus allemands.

Le commandant Lambin est tué par un éclat d’obus au sortir de son P.C. de la voie ferrée. Le commandement du 147e R.I. est repris temporairement par le commandant Lecomte. Le lendemain, l’ennemi tente quelques actions sans succès ; l’artillerie reste toujours très active.
Le 20 avril, le 18e B.C.P., attaqué au lance-flamme et aux minen, perd un élément de la tranchée de Douaumont située en première ligne et formant antenne à l’est et au nord de la carrière. Trente chasseurs sont piégés et perdent du monde en voulant s’extirper de l’endroit. Plusieurs compagnies du 9e B.C.P. sont envoyées en renfort pour reprendre l’ouvrage perdu. La tranchée Serès est renforcée en prévision d’une contre-attaque imminente. Une brillante initiative de la 6e compagnie du 147e R.I., en poste dans le boyau Simon, permet de reprendre une partie de la tranchée perdue par une attaque spontanée. Une opération menée le lendemain, permet de la reprendre dans sa totalité.

Les jours suivants, les Allemands continuent de pilonner le secteur de la brigade sans lancer pour autant d’opération d’infanterie d’envergure ; seuls, quelques coups de main brillamment repoussés sont tentés. Deux compagnies du 147e R.I. sont mises à la disposition de général Rémond et poussées sur le P.C. de la voie ferrée. Les dernières compagnies du bataillon Fardineille (147e R.I.) en réserve à Souville sont avancées vers le P.C. de la voie ferrée en prévision d’une nouvelle attaque sur les tranchées au nord-est du fort de Douaumont, programmée le 23 avril. Cette opération est contremandée au dernier moment en raison de la réduction des effectifs et du grand état de fatigue des troupes qui se battent depuis dix jours sous une pluie battante. En conséquence, deux bataillons du 147e R.I. relèvent en première ligne les deux bataillons du 120e R.I. qui se portent sur Souville et sur les P.C. Carrières et voie ferrée.
Le 26 avril, la 87e brigade est relevée et se prépare à partir dans l’Oise avec la 4e division. Le 147e R.I. est rendu à sa brigade d’origine (7e B.I.) et les deux bataillons de chasseurs repassent sous les ordres du général Rémond.
Jusqu’au 30 avril, le 42e R.A.C reste en position et effectue des tirs sur des rassemblements ennemis dans la région du fort de Douaumont.





Enfants de Stenay tués dans la bataille de Verdun
COLLIGNON PAUL | FRANCHET D’ESPÈREY Louis |
FRANCIER Félix | GÉRARDIN Henri |
GERVAIS PAUL | GILBERT Paul |
JACOB Ernest | LEGENDRE Roger |
LORIN Vital | MANGIN Léon |
NOËL Pierre | DEBUINE Adolphe |
LABILLE Émile |
Sources :
- jmo de la 87e brigade
- jmo du 120e R.I.
- jmo du 9e B.C.P.
- jmo du 18e B.C.P.
- jmo du 42e R.A.C.
- A.M. stenay
- A.D. 55
- Image de tête abri de combat DV2