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Les civils en début de guerre

La vie des Stenaisiens du 30/07 au 28/08/1914

Vie quotidienne.

Vers la fin juillet 1914, les journaux annoncent des nouvelles alarmantes. Le peuple espère encore que l’action diplomatique saura venir à bout du différend qui oppose la Russie à l’Autriche-Hongrie, mais il ne dissimule pas la crainte d’un conflit imminent. La réquisition des chevaux et leur rassemblement sur la place d’armes, inquiètent fortement la population.

Dans la nuit du 30 au 31 juillet 1914, l’alerte est donnée dans toutes les casernes et les permissions sont supprimées. Les premiers mouvements de troupes qui partent faire la couverture, encombrent déjà les routes de la cité.

Dans la nuit du 1er au 2 août, les gendarmes portent les ordres de mobilisation dans toutes les communes du canton, semant un certain désarroi parmi les familles alertées par la confusion qui règne dans les villages.

Le 2 août, les premiers mobilisés quittent la commune pour rejoindre leur corps d’affectation. Vers 16 heures, après la signature du décret d’application de la mobilisation générale, le tocsin, toujours synonyme de grande catastrophe, sonne dans tous les villages ; un vent de panique souffle sur la population.

L’apparente euphorie qui émane du visage des jeunes mobilisés convaincus de gagner rapidement la guerre, tranche avec la douleur à peine dissimulée des parents, des épouses et des enfants. Un même élan patriotique entraine irrésistiblement vers les frontières, les plus ardents patriotes, les indifférents d’hier et les pacifistes désabusés.

En pleine période des moissons, la perte d’une main-d’œuvre de qualité et la proximité de la guerre font craindre le pire. Dans la cité, de nombreux soldats occupent les lieux de vie comme les écoles, les villas, les fermes, ce qui provoque quelques heurts avec la population.

Les réquisitions vident la commune, déjà pauvre avant la guerre, du peu de biens dont elle disposait. Située en zone des armées, elle est mise à la disposition des militaires qui la transforme en un monumental foutoir.

Dans son avis du 6 août, M. Drappier, maire de Stenay, invite la population à garder son calme et la prie de ne pas se laisser emporter par la tristesse d’une situation douloureuse. Il l’engage particulièrement à respecter les prisonniers ennemis et à se montrer les dignes citoyens d’une nation qui se bat pour la justice et la liberté.

Les maires du département sont instamment priés de créer rapidement un service permettant de renseigner, aussi vite que possible, les familles sur la situation des militaires aux armées. Un affichage de la destination des correspondances doit être réalisé.

Une circulaire de la préfecture de la Meuse demande aux instituteurs non mobilisés de faire le sacrifice de leurs vacances jusqu’à la fin de la crise. Une grande partie d’entre eux acceptera cette mission. En début de guerre, ils offrent leur concours aux autorités civiles et militaires, ils jouent le rôle de conseil auprès des familles et s’occupent des enfants pendant que leur mère travaille aux champs ou à la maison. C’est vraisemblablement la raison qui maintiendra  Albert Toussaint à Stenay alors qu’il est nommé à Bar-le-Duc, courant juillet.

Les municipalités sont informées que le gouvernement reçoit régulièrement des témoignages relatant la violation fréquente du droit des gens et des conventions de La Haye par les armées allemandes. Pour apporter des preuves irréfutables du constat de faits de ce genre, il est demandé que soit établi un procès-verbal, lequel sera aussitôt adressé à la préfecture.

En fin août, alors que la population voit refluer les armées françaises en déroute, la municipalité s’inquiète du programme de destruction des ponts sur la Meuse. Elle demande à en être informée suffisamment tôt pour procéder à l’évacuation des civils.

Hygiène, salubrité et conditions de vie

 Les importants mouvements de troupes dans les villes et les agglomérations d’hommes mobilisés, constituent des facteurs à risques non négligeables d’épidémie de variole. La municipalité est fortement incitée à organiser des campagnes de vaccination collective, en séance publique. La préfecture fournira les vaccins ; les médecins disponibles ou éventuellement les sages-femmes pourront les inoculer.

Dans la même lignée, il est demandé aux maires de faire nettoyer, par les services municipaux, les immondices répandues par la troupe. Il est également prescrit d’éloigner les détritus des sources, des cours d’eau et des puits. Il est notamment prescrit de les recouvrir de chaux, élément facile à trouver. Les matières fécales laissées un peu partout doivent être ramassées et enfouies car elles sont vecteur de nombreuses maladies.

Les issues de carcasses d’animaux doivent être brûlées ou ensevelies. Dans l’intérêt général et pour éviter que les chevaux qui s’y abreuvent ne tombent malades, il est absolument proscrit de les jeter dans la rivière. La gendarmerie n’hésitera pas à verbaliser tout contrevenant.

Réquisitions

 Dès le début du conflit, de nombreux officiers logent chez l’habitant. Les casernes sont envahies par les soldats de passage ; il y règne un désordre incroyable. À la caserne Chanzy, les paquetages individuels trainent pêle-mêle sur le sol ; les bâtiments sont ouverts aux quatre vents.

La caserne d’artillerie est occupée par le médecin-chef du 2e C.A. et sert d’hôpital de campagne. Tous les lits sont réquisitionnés.

Comme on l’a vu auparavant, les chevaux ont été requis dès le début du conflit. Les animaux de boucherie ont suivi le même chemin. Seules quelques vaches laitières sont laissées à la disposition de la commune pour ses besoins personnels et pour les blessés de l’hôpital. Quand il ne reste plus rien, l’armée en demande encore. Ainsi, le maire décline une réquisition de bovins que lui réclame l’intendance du corps colonial.

Ordre de réquisition du corps colonial

Un échange de courriers entre l’intendance militaire et la municipalité à propos de l’évacuation de tous les lits de la caserne Chanzy sur Verdun, prouve que, dans les bureaux de l’armée, on est à côté de la plaque. La commune ne disposant plus des moyens nécessaires pour procéder à cette évacuation, le maire est obligé de demander une avance de fonds pour payer le personnel et un intendant qui se chargera du transport. D’autre part, les hommes valides de la commune, sont occupés en permanence à enfouir les vidanges des masses de bêtes qui passent par l’abattoir de la ville.

La préfecture prescrit à la municipalité d’interdire la sortie des denrées et fournitures du territoire de la commune. Elles devront être mutualisées pour subvenir aux besoins des villages qui en sont privés.

La réquisition des bateaux laisse les femmes et les enfants de mariniers dans le plus grand dénuement car ils ont été débarqués là où les bateaux ont été requis. Les communes situées dans la zone des armées (toute la Meuse) ont obligation d’aider ces personnes pendant toute la durée de leur séjour dans la commune y compris les étrangers appartenant à une nation alliée, et munis d’un titre de séjour.

Règles de circulations

Pour éviter de gêner le mouvement des soldats, des règles de circulation sont prescrites par l’autorité militaire. Trois types de permis de circuler en automobile sont délivrés :

  • Permis de circulation rouge, à caractère permanent et délivrés en très petit nombre par le Q.G.
  • Permis de circulation pour automobilistes militaires, délivrés par les autorités militaires.
  • Permis de circulation bleu, pour automobilistes civils, délivrés par les autorités militaires. Ces permis sont délivrés à titre exceptionnel, pour une seule destination, et pour des motifs se rapportant au bien de l’armée. Ils sont détruits au retour ou à destination.

Tous autres moyens de circulation sont autorisés sous réserve de posséder un sauf-conduit.

La priorité de circulation est donnée aux militaires. Le civil doit dégager le côté gauche, au premier signal.

Soins aux malades et aux blessés

La municipalité se voit confier, au cours des hostilités, des malades ou des blessés militaires. La gendarmerie est informée des dates auxquelles ces militaires sont susceptibles d’être mis en route sur leur corps ou vers une formation sanitaire de l’arrière.

Sources :

  • A.M. Stenay
  • “La guerre de 14 au pays de Stenay” de Ph. Voluer

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