La 87e brigade en Argonne
Après la bataille de la Marne où le 2e corps résista vaillamment aux coups de boutoir allemands dans la trouée de Revigny, les 3e et 4edivisions poursuivent l’ennemi vers le nord. Si la guerre de mouvement continue à l’ouest en une série d’attaques et de contre-attaques qui va mener les deux armées jusqu’à la mer de Nord (course à la mer), il n’en est pas de même au centre et à l’est où le front se fige.
C’est en Argonne que le 2e corps français va buter sur les défenses fortement organisées de l’ennemi.

À partir du 15 septembre, la 3e division aidée de quelques unités de la 4e division s’engage dans un violent combat du côté de Servon et de Binarville. Les deux bataillons de chasseurs prêtent leur appui à la 3e division dans son action vers Servon. Le 147e R.I. lance ses bataillons sur Binarville par Vienne-le-Château. Un groupe du 42eR.A.C placé à l’ouest de St Thomas bombarde le passage de la Chapelle.
Ne réussissant pas à déloger les Allemands par une attaque de front et par l’ouest, la 87e brigade lance alors le 120e R.I. sur Binarville par l’est, en suivant Vienne-le-Château, La Harazée et le bois de la Gruerie. Les terribles conditions climatiques et les chemins à peine tracés et complètement détrempés, rendent la progression du 120eR.I. extrêmement difficile. Il réussit néanmoins à attaquer Binarville par l’est et à refouler l’ennemi des lisières du bois mais sa progression est stoppée par le feu l’artillerie allemande. Les positions sont tenues jusqu’au 18 septembre, date à laquelle les unités de la 4e division sont relevées en premières lignes par celles de la 3e division. À partir de cette date, les combats perdent en intensité du fait de l’épuisement des hommes et des munitions. Tout le monde sait, maintenant, que la guerre sera longue.

Le 24 septembre, le 120e R.I et la compagnie divisionnaire du génie, relèvent en 1e ligne la 5e brigade et établissent dans le bois de la Gruerie une ligne intérieure de défense dans la région de Bagatelle. Commence alors le difficile apprentissage de la guerre de positions où le creusement de tranchées dans une zone boisée est pénible. L’ennemi fortement pourvu de mortiers de tranchée, d’artillerie lourde, de grenades à main et de voies de 60 pour alimenter ses troupes, cause beaucoup de pertes dans les rangs de la brigade. Les relèves se révèlent extrêmement périlleuses
Les mauvaises conditions d’hygiène et le ravitaillement aléatoires sont la cause de nombreuses maladies.
Quand elles ne sont pas en ligne, les unités cantonnent à La Harazée, La Placardelle ou directement sous bois.
Progressivement un réseau de tranchées et boyaux se construit. D’abord capable de protéger les soldats en position à genou, les tranchées évoluent et offrent une protection relative pour une position debout.
Chaque jour apporte son lot de désespoir. Aux attaques succèdent les contre-attaques, très soudaines et très violentes, sur une petite portion du front, toujours plus meurtrières, pour gagner quelques mètres de terrain ou un bout de tranchée.
Les noms de Fontaine Madame, Fontaine aux Charmes, ravin du Mortier, Bagatelle, Saint-Hubert, Barricade, Courtes Chausses sont synonymes de grandes souffrances et de pertes considérables pour le 2e corps en général et pour la 87e brigade en particulier.
Le 2e corps sera engagé dans les combats d’Argonne jusqu’au 18 janvier 1915.



Au cours des combats d’Argonne, Stenay perd les enfants suivants :
BERTHÉ Marcel Paul | PIERRARD Gustave |
CLAISSE Robert Théophile | PLEUTIN Lucien |
CLAUSSE Auguste | POLSPOEL Djalma Virgile |
FOSSIER Marcel Louis | REICHLING Charles Rémy Nicolas |
GÉRARD Rémy Émile | VESSERON Henri |
GRAUL Clotaire Henri | VIARD Auguste Alphonse |
HANROTEL Jean-Baptiste Jules | MELLOT Marie |
JOFFRIN Henri Joseph | ESTIER Léon |
MARTIN Pierre François | HOLLEVILLE Firmin Arthur Domice |
Sources :
- A.M. Stenay,
- Jmo de la 4e division d’infanterie
- Jmo de la 87e brigade d’infanterie
- Jmo et historique du 9e B.C.P.
- Jmo et historique du 18e B.C.P.
- Jmo et historique du 120e R.I.
- Jmo et historique du 147e R.I.
- Jmo et historique du 42e R.A.C.