Batailles d’Artois
Les combats d’Artois se déclinent en plusieurs batailles
- Première bataille, décembre 1914,
- Deuxième bataille, mai 1915,
- Troisième bataille, septembre 1915,
- Offensive britannique d’avril 1917,
- Bataille de la Lys en avril 1918
Première bataille d’Artois
Après la guerre de mouvement, marquée pas de grands carnages et qui prend fin après la course à la mer, s’installe une guerre de positions et d’usure. Les troupes sont épuisées par trois mois de combats ininterrompus et accusent des pertes sévères. L’armement lourd et les munitions manquent, les belligérants se font face sur une ligne précaire de tranchées qui s’étend de la mer du Nord à la frontière suisse.
À la fin 1914, en Artois, le front se consolide au travers d’attaques localisées sur Vermelles, Saint-Laurent, Aix-Noulette et Carency.
Dès la fin novembre, Joffre et Foch décident de reprendre l’initiative sur le front ouest, en Champagne et en Artois . Dans cette dernière région, l’objectif est de reprendre Lorette et Vimy et de repousser éventuellement l’ennemi au-delà de la frontière. Le plan prévoit deux offensives principales dont l’une s’appuie sur la Xearmée, en Artois. L’action est programmée au 15 décembre.

Le général de Maud’huy qui commande la Xe armée envisage de rompre le front ennemi au point 140, au lieu-dit “La Folie”. Les attaques doivent être menées par le 33e corps renforcé de la 45edivision, en direction du bois de Berthoval, par le 21e corps sur l’axe Aix-Noulette-Souchez, et par le 10e corps, au nord de Arras. Le 1ercorps de cavalerie se tient prêt à exploiter le succès et l’armée britannique coopèrera par l’intermédiaire du corps indien.
L’attaque sera lancée le 17 décembre et comportera trois phases :
- Le premier jour, l’objectif sera de prendre la crête de Carency-La Targette.
- Le deuxième jour, le but sera de se rendre maître de la route Souchez-Arras.
- Le troisième jour, la cote 140 devra être enlevée et l’action sera poussée plus loin si c’est possible.
Le 16 décembre, une attaque de diversion ayant pour but de disperser les défenses ennemies, est menée par la 58e division de réserve sur la voie ferrée Vermelles-La Bassée.
À la tête du groupe d’armées provisoire Nord, le général Foch prend les opérations en main. Craignant une insuffisance de ses moyens d’artillerie, il décale les différentes opérations. Ainsi, l’attaque du 33e corps sur Carency ne sera effectuée qu’à la fin de l’attaque du 21e corps sur Notre Dame de Lorette. L’opération du 10e corps sur La Targette est reportée.
Début des offensives.

Le 21e corps se lance à l’assaut après une violente préparation d’artillerie. Les tranchées de première ligne ennemie sont presque toutes enlevées mais la seconde ligne n’est pas atteinte. La crête de Notre Dame de Lorette n’est pas enlevée.
Le 18 décembre, les Allemands contre-attaquent et reprennent les tranchées perdues. Elles seront reprisent dans la soirée par le 109eR.I.
Le 33e corps qui a lancé la 70e division sur Carency progresse assez rapidement mais est bientôt stoppé par un feu violent. L’action est reprise avec l’appui de bataillons de chasseurs.
Le 10e corps a réussi à enlever une partie du village de Saint-Laurent mais n’a pu atteindre Blangy. Il organise le terrain conquis et résiste à toutes les contre-attaques.
L’attaque qui devait se poursuivre les jours suivants, est reportée ; les tranchées inondées et l’état détrempé du terrain rendent toute progression impossible. Les rigueurs de l’hiver, l’extrême état d’épuisement de la troupe et les pertes énormes obligent FOCH à renoncer à continuer l’offensive.
La première bataille d’Artois a causé la mort de plus de 15000 hommes, toutes armées confondues.
Deuxième bataille d’Artois
Pour soulager le front Est où les Russes souffrent beaucoup et pour faciliter la mobilisation italienne, le généralissime Joffre décide de lancer une grande opération en Artois, au printemps 1915. Le général Foch, commandant le groupe d’armées provisoire Nord, est chargé d’en régler les détails. Cette attaque sera lancée par la Xearmée du général d’Urbal, renforcée de trois corps d’armée et d’une importante dotation en artillerie. Les Britanniques participeront partiellement à cette action.

La deuxième offensive française en Artois, sur la crête de Vimy et Notre-Dame de Lorette, débute le 3 mai 1915 par une préparation d’artillerie qui durera 6 jours. Du côté français, 5 corps d’armée sont mobilisés (21e, 33e, 20e, 17e, 10e) pour attaquer sur un front large de 19 km et dont l’objectif principal est la crête de Vimy. Cette position hautement stratégique permet de contrôler toute la plaine minière qui s’étend de Lens à Douai. L’organisation défensive allemande fait appel à des lignes de résistances sur plusieurs niveaux avec tranchées, boyaux, redoutes et obstacles naturels.
Le 9 mai, à 10 heures, l’artillerie française allonge son tir, l’infanterie attaque. Les tranchées allemandes sont rapidement conquises et les troupes progressent sur plus de 3 km vers la crête de Vimy. Malheureusement, les réserves disposées trop loin du front ne sont pas capables de rejoindre les premières lignes suffisamment vite pour exploiter cette spectaculaire percée. L’artillerie française, en rupture de munitions et trop éloignée, est incapable de soutenir les troupes les plus avancées. L’ennemi se ressaisit et amène des mitrailleuses et de l’artillerie vers Souchez et La Folie. Depuis ces positions, il prend les troupes françaises en enfilade, sous un feu d’enfer.
Après une série d’attaques et de contre-attaques, le 33e corps du général Pétain atteint ses premiers objectifs. Les combats se prolongent pendant une semaine avec des affrontements violents sur les hauteurs de Notre-Dame-de-Lorette. Au final, le résultat de l’offensive française est limité : les villages de Carency et d’Albin-Saint-Nazaire sont pris mais le village de Vimy et toute la plaine minière restent aux mains des Allemands. Le coût humain de cette offensive se monte à plus de 100 000 hommes hors de combat. Les pertes allemandes sont deux fois inférieures aux pertes alliées sur l’ensemble des combats d’Arras à Festubert.
Troisième bataille d’Artois
Après les batailles de Champagne et d’Artois du printemps 1915, il apparait que les moyens mis en œuvre par le GQG restaient insuffisants pour percer les lignes allemandes fortement organisées.
Le décret du 5 août 1915, vide les places fortes d’une grosse partie de leur garnison et de leur artillerie. Ces moyens ainsi libérés vont servir à étoffer les armées de Champagne et d’Artois en prévision d’une nouvelle offensive. Le corps expéditionnaire britannique qui s’est considérablement renforcé opèrera de concert avec les troupes françaises.
Après leur déroute en Pologne et l’abandon de la ligne du Bug, les Russes demandent aux Alliés de lancer des actions d’envergure pour soulager leur front comme ils l’avaient eux-mêmes fait lors de la bataille de la Marne en 1914.
Pour préparer ces attaques, le GQG a créé trois groupes d’armées.
- Le groupe d’armées Nord, commandé par le général Foch, attaquera en Artois, en liaison avec les Britanniques et les Belges. Cette opération secondaire visera à diviser les moyens de l’ennemi pendant l’offensive principale de Champagne.
- Le groupe d’armées Centre, commandé par le général de Castelnau, lancera son action en Champagne avec des moyens considérables en hommes et en matériel.
- Le groupe d’armées Est, commandé par le général Dubail opèrera de l’Argonne aux Vosges.
Chacun des groupes d’armées exploitera son éventuelle percée, en cas de succès.
En Artois, c’est la Xe armée qui sera chargée de l’offensive en disposant de 18 divisions et de 380 pièces lourdes d’artillerie. Les Français opèreront sur le front d’Arras et les Britanniques sur celui de Loos.

Le 25 septembre 1915, après une grosse préparation d’artillerie d’une semaine, l’offensive est lancée en Artois conjointement à celle de Champagne. La pluie qui tombe sans discontinuité rend très pénible la progression des troupes. En fin de journée, les résultats s’avèrent inégaux :
- À droite du front d’attaque, ils paraissent nuls.
- Au centre, ils semblent faibles ; seule une partie de la 1re ligne allemande est enlevée.
- À gauche, le 33e corps d’armée réussit à prendre le château de Carleul et le cimetière de Souchez, et le 21e corps, la route Souchez-Angres.
Sur le front britannique, Loos est happée d’un seul élan.
Jusqu’au 30 septembre, les attaques vont se succéder en direction de Vimy et à l’est de Loos. Les gains sont faibles et les pertes énormes. La situation en fin septembre est la suivante :
- La cote 140 sur la crête de Vimy est atteinte.
- La ville de Souchez est conquise.
- Loos est prise et Hulluch est atteinte.
La fatigue des hommes, l’épuisement des munitions et les pertes énormes, obligent le Haut Commandement à stopper l’offensive et à faire consolider les positions conquises.
Un plan d’action est élaboré pour poursuivre l’attaque en début octobre, mais les contre-attaques allemandes vont déjouer ce plan en forçant les forces britanniques à engager toutes leurs unités pour conserver leurs gains. Une ultime opération menée par les 21e et 33e corps pour maîtriser le reste de la crête de Vimy, se solde par un échec.
Le 14 octobre, le GQG stoppe l’offensive en Artois comme d’ailleurs en Champagne, tout en prescrivant de consolider et d’organiser les positions acquises, pour une future action, quand les conditions seront meilleures.
Sources :