Combat de beaufort-en-Argonne

Combat de Beaufort-en-Argonne du 31 août 1914

Pendant les combats de Cesse-Luzy du 27 août 1914, Beaufort-en-Argonne sert de cantonnement aux troupes de la 4e division d’infanterie et à un bataillon du corps colonial. C’est par ce village que transitent toutes les unités qui cantonnent dans les environs et qui montent au front par les chemins de relève, vers les lisières des forêts de Dieulet et Jaulnay.
Lors de ces combats, un obus allemand tombe au milieu d’un groupe d’officiers du 120e R.I. Trois officiers et deux soldats sont tués. Les officiers sont : le commandant Boucheron Seguin, le capitaine Steff et le lieutenant Pillardeau. Ces deux derniers reposent dans le cimetière communal de Beaufort.
Le 29 août 1914, de Pouilly à Wiseppe, les hauteurs de la rive gauche de la Meuse sont abandonnées par le 2e corps et le corps colonial appelés à défendre d’autres positions.

Lieutenant Pillardeau et famille

Le 30 août 1914, le général Sarrail remplace le général Ruffey à la tête de la IIIe armée. La 7e division qui cantonne à Barricourt et Tailly, reçoit l’ordre d’occuper Beauclair et Halles-sous-les Côtes avant la nuit. La 8e division sur sa droite, se porte sur Villers-devant-Dun pour préparer l’attaque qui doit permettre d’enlever Montigny, Mont-devant-Sassey, Doulcon.
La mission du 4e corps est la suivante : attaquer en direction générale de Beaumont-en-Argonne avec comme premier objectif, Beaufort, puis pousser un détachement sur Beaumont et se garder sur la Meuse. La 7e D.I. est chargée de l’attaque sur Beaufort et de l’occupation de la lisière sud de la forêt de Dieulet. Elle lancera ensuite une avant-garde au Nord en se gardant vers la Meuse, au nord du ruisseau de Wiseppe.

La 8e D.I. chassera l’ennemi au sud de ce même ruisseau, détruira le pont jeté par les Allemands à Sassey et se maintiendra à la lisière nord des bois qui longe son secteur, en portant quelques éléments sur Beauclair. Le front de Doulcon-Dun est repris en compte par la 9e D.I.
À 13 heures, le 102e R.I. forme l’avant-garde de la 7e division et marche sur Beauclair par Barricourt et Tailly. Il sécurise les issues du village et s’installe au cantonnement.
À 18 heures, le 101e R.I marche en deux colonnes sur Halles ; la première, par la route qui mène directement de Tailly à Halles, la seconde, par Beauclair. La colonne qui passe par Beauclair constate que les issues du village sont gardées par le 102e R.I. Quelques coups de feu sont échangés avec des cavaliers allemands. Le 101e R.I. entre dans Halles, sans résistance ; l’état-major de la 13e brigade s’y installe.
Mise en état de défense du village de Halles-sous-les Côtes ; Charles Delvert(1): « Nous n’avons fait que traverser Beauclair par la longue chaussée de la route nationale et sommes entrés à la nuit noire dans Halles, baïonnette au canon avec défense de tirer un coup de fusil. Nous avons occupé immédiatement les issues par des barricades. La compagnie est arrêtée dans la première rue, à droite, en venant de Beauclair. Il ne fait plus qu’un faible jour. J’ai mis une section avec l’adjudant, à l’issue venant de Beauclair. Une charrette, placée par le travers, quelques instruments de labour entassés interdisent la route. Une chicane est ménagée pour le passage. A l’issue nord-ouest, on a empilé des rondins, entre lesquels sont pratiqués des créneaux ; une vraie fortification… »
Le 31 août, des colonnes ennemies sont signalées vers Jametz et Stenay. Une autre colonne progresse de Beaumont sur Le Chesne avec flanc-garde vers Vaux-en-Dieulet.

Attaque française

À 6h30, la 13e brigade d’infanterie marche sur Beaufort.
Le 101e R.I. envoie une compagnie en reconnaissance du côté du pont rouge, en passant par la tuilerie. La lisière étant inoccupée, le régiment déploie ses compagnies vers l’Ouest, entre le pont rouge et Beaufort, le long de cette lisière. Une section est poussée jusqu’à la route Stenay-Beaufort. L’ennemi est alors signalé à l’intérieur des bois et des bruits de roulements de voitures sont entendus entre la Meuse et la forêt. L’artillerie ennemie qui se présentait sur cette route fait demi-tour et laisse la place à l’infanterie qui charge de chaque côté de la route de Beauclair. Le régiment se replie, couvert par la 10e compagnie qui charge à son tour à la baïonnette. La retraite est protégée par deux sections de mitrailleuses. Les 2e et 3e bataillons se replient sur Beauclair, les deux compagnies du 1er bataillon se dirigent sur Halles. Sous le feu de l’ennemi depuis le début des combats, le village est évacué par le 1er bataillon qui retraite par le bois de Halles sous une grêle de balles(2).

Dans le même temps, le 102e R.I. envoie son 1er bataillon vers Beaufort avec une avant-garde formée par la 4e compagnie du capitaine Dumont. Le village est occupé sans coup férir. Les issues sont organisées défensivement par le 1er bataillon pendant que le 2e bataillon se tient à la sortie sud et le 3e bataillon reste en réserve à Beauclair. Vers 7 heures, l’ennemi réagit par l’infanterie et la cavalerie à partir de la lisière de la forêt. Deux compagnies du 2e bataillon sont envoyer en soutien de chaque côté du village. Très rapidement le 1er bataillon est submergé par l’ennemi qui débouche du bois en grand nombre. Le chef de bataillon demande l’appui du 3e bataillon resté à Beauclair mais le colonel commandant la brigade ne peut le lui fournir car il est déjà engagé en soutien du 101e R.I. qui reflue vers Halles. Dans ces conditions, le 1er bataillon se replie. Le régiment se rallie dans le ravin de la Torchette ; il se reforme ensuite au nord de Tailly.

Riposte allemande

Le colonel Lacotte commandant la 13e B.I. est blessé ; le colonel Farret du 101e R.I. prend le commandement de la brigade. Le régiment est placé en réserve dans le ravin de Tailly. Il est soumis pendant plusieurs heures aux tirs de l’artillerie lourde allemande.
Un ordre prescrit à la 7e division de se maintenir sur le front Nouart-bois de Halles : La 13e B.I. tient la position à deux kilomètres au nord de Tailly ; la 14e B.I. celle située à un kilomètre au sud-ouest de Halles, en liaison avec la 8e D.I. L’artillerie (3 groupes A.D.7(3) et 2 groupes A.C(4)) se répartit sur la croupe au nord-ouest de Tailly et sur les pentes de part et d’autre de la route Tailly-Beauclair. Elle tire à plusieurs reprises sur des cavaliers et leur artillerie qui essaient de se porter sur Beaufort et les rejette dans le bois.

Des batteries ennemies placées au sud de la forêt de Dieulet, à l’ouest de Wiseppe et dans la région de Belval-bois-des-dames, après le repli de la 10e D.I., pilonnent très sérieusement les positions de la 7e D.I. Les obusiers de Belval font subir de lourdes pertes aux batteries françaises.
Vers 17 heures, la division est violemment attaquée par l’infanterie allemande qui sort de Beauclair. Elle doit se replier au sud de Tailly. Une énergique contre-attaque menée par un noyau de cinq cents hommes, rejette sur Beauclair l’ennemi qui n’insiste pas.
Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, le général Sarrail prescrit aux divisions du 4e C.A. de reprendre l’offensive sans changement dans la mission. Cet ordre est annulé par le général en chef en raison du recul de la IVe armée qui va participer à la contre-offensive générale. La 7e D.I. se replie sur Landres, Saint-Georges et Saint Juvin ; la 8e D.I. sur Sommerance et Fléville.

Notes :

  1. Commandant de la 4e compagnie du 101e R.I.
  2. « Carnet d’un fantassin » de Charles Delvert, page 81
  3. Artillerie de la 7e division
  4. Artillerie du 4e corps

Sources :

  • « Carnet d’un fantassin » de Charles Delvert
  • Jmo du 4e C.A.
  • Jmo de la 7e D.I.
  • Jmo de la 13e B.I.
  • Jmo du 101e R.I.
  • Jmo du 102e R.I.
  • AFGG T1V2

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