Offensive Meuse-Argonne 26 septembre 1918
Sommaire
1) Situation des armées sur le front occidental au début de 1918.
– Événements marquants de 1917
– Formation de l’armée américaine
– Traité de paix avec la Russie après la révolution d’octobre 1917
– Rapatriement des divisions allemandes du front Est et offensives du printemps 1918
-Fin de la deuxième bataille de la Marne et contre-offensive des Alliés.
2) Constitution de la Ire Armée américaine et réduction du saillant de Saint-Mihiel (12 septembre 1918)
3) Constitution de la 2e Armée américaine et première ligne alliée avant l’attaque du 26 septembre 1918.
4) Déclenchement de l’offensive Meuse-Argonne et principaux faits remarquables.
Situation des armées
L’année 1917 a été marquée par plusieurs faits saillants.
– Après la bataille de la Somme, les Allemands se retirent sur la ligne Hindenburg.
– Entrée en guerre des États-Unis, mission Viviani.
– Offensive française du Chemin des Dames, les mutineries, Pétain remplace Nivelle
– Reprise de la Cote 304, du Mort-Homme et de quelques villages de la rive droite dans la région de Verdun
– Révolutions de février et d’octobre 1917 en Russie
– Entrée en guerre des États-Unis d’Amérique

Au début de la Grande Guerre, les États-Unis d’Amérique observent une stricte neutralité pour éviter d’opposer les communautés issues des pays antagonistes. Woodrow Wilson sera d’ailleurs réélu en 1916 en promettant aux électeurs que l’Amérique restera neutre. Au fur et à mesure que le conflit avance, les belligérants ont de plus en plus recours aux U.S.A. pour la fourniture d’énergie, de matières premières et de denrées, et pour l’emprunt d’argent. Au cours du temps, la part des Franco-Britanniques va atteindre des proportions telles que les Américains créanciers de la France et du Royaume-Uni vont encourager la victoire de l’Entente. De nombreux volontaires américains sont d’ailleurs déjà présents sur le sol français, dans les services sanitaires (SSU), la Légion étrangère ou l’escadrille La Fayette.
Le 16 janvier 1917, le Royaume-Uni intercepte un télégramme du secrétaire d’État allemand Arthur Zimmerman à l’attention du Mexique pour que celui-ci rejoigne la triple alliance et attaque les États-Unis si ces derniers entrent en guerre contre l’Allemagne. Il demande de surcroît que Mexico intervienne auprès des Japonais pour que ceux-ci se rangent du côté des forces centrales, moyennant quoi l’Allemagne lui prêtera son appui pour récupérer le Texas, le Nouveau-Mexique et l’Arizona, perdus lors de la guerre américano-mexicaine de 1846. Publié dans la presse américaine, ce télégramme suscite une vague d’indignation dans l’opinion publique américaine.
Le 31 janvier 1917, le Kaiser qui sait que les États-Unis fournissent de grandes quantités d’armes et de munitions à l’Entente, déclare la guerre sous-marine totale, y compris contre les cargos américains qui appartiennent pourtant à une nation neutre. Le lendemain, les U.S.A. rompent les relations diplomatiques avec l’Allemagne pour obliger le Kaiser à revenir sur sa décision, mais ce dernier persiste et signe.
Le 19 février, les Allemands coulent le Viligentia. Le 2 avril, Woodrow Wilson demande au Congrès de voter la déclaration de guerre lequel se prononcera en faveur de la guerre à une large majorité. Wilson s’exclame alors : « L’Amérique doit donner son sang pour les principes qui l’ont fait naître…» Les États-Unis entrent la guerre contre l’Allemagne le 6 avril 1917.

Le 24 avril 1917, le vice-président du conseil Viviani et le maréchal Joffre débarquent à New York pour motiver l’opinion publique américaine et pour informer l’armée US qui est restée longtemps sans combattre, des conditions de guerre en Europe. Contrairement à ce qui était prévu au départ, le gouvernement Painlevé souhaite intégrer les troupes américaines aux unités françaises et britanniques ce à quoi Joffre s’oppose en prétextant que cela nuirait à la crédibilité et à l’intégrité de la France vis-à-vis des U.S.A.



L’armée régulière américaine ne dispose que de 135 000 hommes de métier et n’a pas engagé de bataille conséquente depuis la guerre avec le Mexique. Son armement est succinct ; 285 000 fusils, 1500 mitrailleuses, 550 canons, 55 avions de vieille génération et aucun tank. Seule, l’US. Navy commandée par l’amiral Sims, dispose d’un matériel moderne ; 14 dreadnoughts, 250 destroyers, 36 sous-marins et un personnel qualifié de 80 000 hommes. Elle assurera ses missions de transports de troupes vers l’Europe et de lutte anti-sous-marine avec succès.
L’entrée en guerre des États-Unis arrive à un moment de grandes incertitudes pour les Alliés. La chute du tsarisme en Russie et la prise de pouvoir par les révolutionnaires font craindre une déstabilisation du front de l’Est. L’échec de l’offensive française du Chemin des Dames très coûteuse en vies humaines et les mutineries qui s’ensuivent agitent les armées y compris d’ailleurs chez l’adversaire. L’annonce de l’arrivée prochaine des Américains et la production massive de chars d’assaut redonnent un peu de moral aux combattants alliés.
Arrivée des premiers Américains et formation au combat.
Le 26 mai 1917, le Major Général John J. Pershing est nommé commandant en chef des forces expéditionnaires américaines et le restera jusqu’à la démobilisation de ses troupes. Il débarque en France le 13 juin, accompagné de son état major. Les instructions que donne le secrétariat d’État à la guerre au général Pershing sont claires : Les Américains devront coopérer avec les Alliés en tant que composante distincte et séparée des forces combinées. Durant toute la guerre, Pershing devra faire preuve de fermeté pour préserver cette identité.

Après une analyse sérieuse de la situation, il estime qu’il lui faudra 1 million d’hommes, dans le délai d’une année, pour peser sur le cours de la guerre. Il précise en outre, que cet effectif n’est qu’une étape et qu’il faudra engager à terme 3 millions d’Américains sur le sol européen.

La 1re division US est constituée à partir d’éléments de l’armée régulière. Elle débarque à Saint-Nazaire, le 26 juin 1917. Se met en place alors une noria de transports de troupes et de matériel qui nécessite l’ouverture des grands ports de l’Atlantique et de la Méditerranée aux unités américaines.
Les Américains s’installent dans une vingtaine de camps d’entraînement qui s’échelonnent de la Meuse aux Vosges et en Haute-Marne et dont les principaux sont Gondrecourt, Vaucouleurs, Rimaucourt, Chaumont, Neufchâteau, Bourmont.
Pendant la période de formation, les Américains mettent en place un énorme réseau d’infrastructures qui relie les ports de débarquement aux camps d’entraînement, aux hôpitaux de campagne et installations sanitaires, etc. Les divisions formées sont progressivement approchées des lignes du front lorrain (Lunéville, Toul, Verdun) puis mises en position dans les tranchées pour parfaire leur formation. Elles sont mises à la disposition de l’armée française, l’armée américaine étant encore embryonnaire.
Traité de paix germano-soviétique
Après la révolution russe d’octobre 1917, les Soviets prennent le pouvoir. Confrontés à des difficultés internes, ils demandent un armistice.
Le 3 mars 1918, les Allemands et les Russes signent le traité de Brest-Litovsk qui met fin à la guerre entre ces deux nations.